Policier.
Version publiée en 1985,
aux éditions Gallimard (Carré noir).
248 pages.
Je m'appelle Nick Corey. Je suis le shérif d'un patelin habité par des soûlauds, des fornicateurs, des incestueux, des feignasses et des salopiauds de tout acabit. Mon épouse me hait, ma maîtresse m'épuise et la seule femme que j'aime me snobe. Enfin, j'ai une vague idée que tous les coups de pied qui se distribuent dans ce bas monde, c'est mon postérieur qui les reçoit. Eh bien, les gars, ça va cesser. Je ne sais pas comment, mais cet enfer va cesser.
«Ben, ma foi, y a un écriteau juste à l'entrée du pays qui dit : 1275 ha., alors ça doit être à peu près ça. 1275 âmes.»
Dans ma wish-list depuis un moment, je l'ai emprunté à la médiathèque. La quatrième de couverture promettait un ton décalé et cynique, et l'on n'est pas déçu !
Nick Corey est donc shérif de Pottsville, un petit village paumé des USA. Sa vie se résume à manger, dormir coucher avec toutes les femmes qui voudront bien de lui et ne pas s'attirer d'ennuis. A la veille des élections du nouveau shérif, il compte bien respecter ce mode de vie... Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu (évidemment, sinon pourquoi faire un livre me direz-vous?!)
Les personnages sont caricaturaux au possible : on a droit au shérif qui se tourne les pouces, à sa femme qui n'est jamais contente de lui, à une maîtresse qui se fait battre par son mari d'ivrogne et à une ancienne fiancée qui le snobe (mais va finir par lui courir après...). En gros, le lecteur est propulsé dans un bon vieux western et tout est là pour nous mettre dans l'ambiance. Et même si les personnages et les chevaux de cow-boy suffisent, l'auteur en rajoute quand même une couche avec un langage très familier (que ce soit dans les dialogues ou dans le récit) ainsi qu'une narration en « je » et au présent de l'indicatif. On se croirait réellement au Texas !
Et finalement, même si le début demande un petit effort d'adaptation pour rentrer dans le quotidien des Pottsvillois et de Nick Corey, on s'habitue et les 250 pages de ce policier s'enchaînent très vite (une seule après-midi m'aura suffi pour en venir à bout!). L'intrigue, elle, est par contre un peu vite amenée : Nick se présente lui-même comme un homme à qui il ne faut pas trop en demander et qui préfère rester loin des ennuis et pourtant ici les meurtres, les complots et les mensonges s'accumulent... Je n'ai pas vraiment compris ce qui passait par la tête du shérif pour que d'un coup il décide de se débarrasser de tout son entourage, surtout avec cette violence parfois sans aucune vraie raison à mes yeux...
Certes, Jim Thompson a voulu dénoncer la justice et le système des USA avec un humour noir et décapant, mais je pense qu'il aurait pu un peu mieux mélanger tout ça et nous écrire une histoire un peu plus fluide.
Pour finir, un petit détail qui m'a chagriné tout au long du livre. Je ne sais pas du tout à quelle époque l'action se déroule et j'ai trouvé ça assez déroutant. Il y a quelques détails dans le mode de vie des personnages mais pour moi tout ne colle pas parfaitement (et ça me perturbe!). Au fil des pages, on comprend que les habitants de Pottsville se déplace pour la plupart en chevaux et carrioles, et l'auteur évoque également la ségrégation, voire même l'esclavage (les Noirs travaillent encore dans les champs de coton). Cependant, on croise ensuite des trains, des tramways et le téléphone... Bon il est fort possible que ça soit moi qui ait fait une fixette sur ça et que toutes ces technologies aient cohabité à un moment donné mais ça m'a laissé une donne d'impression...
Bref, une lecture agréable qui rappelle le ton cynique et mordant de San Antonio. Malgré une action un peu sorti de nulle part, le contexte reste sympa et assez bien tourné en dérision pour devenir drôle.
Cette lecture a été faite dans le cadre de la 8ème session du challenge Un mot, des titres du 31 mai 2012 pour le mot « âme ».