Biographie historique.
Edition publiée en 2011,
aux éditions Calmann-Lévy.
398 pages, vendu 21,50€.
Elle s'appelait Henrietta Lacks, mais les savants n'ont retenu de son nom que deux syllabes : HeLa. Elle travaillait dans les champs de tabac du sud des Etats-Unis où besognaient ses ancêtres esclaves, mais ses cellules, prélevées à son insu, sont devenues l'un des outils les plus précieux de la médecine moderne.
Emportée par un cancer foudroyant en 1951, à l'âge de 31ans, elle a contribué sans le savoir à la mise au point du vaccin contre la polio, au décryptage des tumeurs et des virus, à la mesure des effets de la bombe atomique, et à des avancées telles que la fécondation in vitro, le clonage ou la thérapie génique.
"Les morts, eux, n'ont plus droit au respect de la vie privée - même si certaines parties d'eux mêmes sont encore en vie."
Je remercie les Editions Calmann-Lévy que je ne connaissais pas et Livraddict pour m'avoir donné l'occasion de participer à mon premier partenariat.
J'ai entendu parler des cellules HeLa l'année dernière en cours de Bio Cell, et quand j'ai lu le synopsis de ce livre, j'ai été curieuse de connaître la vie de cette femme noire qui a révolutionné le monde médical à son insu.
Ce livre alterne les passages médicaux avec les passages de vie de la famille Lacks, c'est une sorte d'article scientifique romancé, ça aide à rentrer dans l'histoire et à comprendre un peu tout les termes barbares (inévitables) des explications scientifiques.
Attention, phrase choquante : J'ai pris plaisir à me rappeler mes cours de l'année dernière sur le cancer !
L'histoire est assez émouvante dans le sens où on parle ici d'une femme issue d'une famille d'esclaves dans les champs de tabac, qui a eu son premier enfant à 14 ans et s'est mariée avec son cousin... Et qui va devenir LA source principale des recherches médicales ! Je trouve ça magique, comme une revanche sur la vie, même s'il elle ne l'aura jamais vécu...
Après la mort d'Henrietta, on assiste à une "guerre" entre scientifiques et industries, à qui réussira à tirer plus de profit des cellules d'une femme qui, elle, n'avait pas assez d'argent pour se soigner...
"Si notre mère est si importante pour la science, pourquoi est-ce qu'on a même pas le droit à être couverts par la Sécu ?"
On suit réellement le cheminement de l'auteur dans son enquête, en parallèle des chapitres de la vie qu'elle a pu reconstituer avec les divers témoignages récoltés dans la famille d'Henrietta et dans le monde scientifique de l'époque.
En dehors de la chasse aux cellules HeLa, on découvre aussi petit à petit la vie et la maladie d'une des filles Lacks : Elsie, sourde et muette, diagnostiquée "idiote" et épileptique, placée dans un établissement spécialisé, morte à l'adolescence. On se rend compte des choses horribles que la ségrégation a engendré : les mauvais traitements, les expériences douteuses, etc.
Un petit plus : le dossier de photos au milieu du livre où l'on découvre des photos de famille, des souvenirs, et des images des fameuses cellules HeLa observées au microscope. On a même le droit au certificat de décés d'Henrietta. Je trouve cette petite pause très sympa, qui permet de mettre des têtes sur les noms des Lacks et des médecins avant de trop s'y perdre entre les époques et les générations...
Ainsi que les dernières pages "Que sont-ils devenus ?".
Le hic pour moi : Les derniers chapitres, où l'on suit Rebecca et Deborah dans leur enquête, sont un peu trop axés sur la religion... ça fait partie intégrante des Lacks mais ce genre de choses me met mal à l'aise...