Classique.
Version publiée en 2010,
aux éditions Pocket,
collection à 1,50€.
103 pages, l'acheter ici ou ici.
Bientôt, sa tête roulera dans la sciure. Jugé, emprisonné, enchaîné, il attend dans l'épouvante. Sa grâce lui a été refusé. « J'ai peur » - et notre peur grandit avec la sienne. L’aumônier viendra, puis les assistants du bourreau. Il montera dans la charrette, traversera la foule hideuse buveuse de sang. Au bout de la marche au supplice, l'apparition de la guillotine, et l'échelle qui mène à l'échafaud. On dit qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, mais qui le sait ?
On ne sait rien de cet homme que la justice va assassiner, sinon qu'il est trop jeune pour mourir. Avec lui, nous vivons ce cauchemar, cette absurdité horrifiante de la peine capitale que personne avant Victor Hugo n'avait songé à dénoncer.
« Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis ».
p. 22
Ce livre est une critique de l'époque par Victor Hugo, il dénonce la peine de mort par ce texte, que bien d'autres reprendront par la suite (Jaurès, Camus, etc.).
Ce livre est très court et se lit donc très vite, ce qui ici, est pour moi un petit inconvénient : on n'a pas le temps de s'attacher au personnage, ni de s'imprégner de la situation qu'Hugo nous dépeint. Les six semaines d'attente entre la condamnation et l’exécution sont expédiées en une centaine de pages.
L'action n'est pas vraiment le maître mot de cette nouvelle, on suit plutôt le fil des pensées du personnage principal, comme un long monologue. Le décor, les autres personnages et les évènements sont exprimés de son point de vue et ferme un peu la vision des choses.
Le mystère est entier sur la personnalité du condamné, on sait juste qu'il a une femme et une petite fille de 4ans qu'on croisera en fin de lecture. Idem pour le crime commis, on suppose que l'homme a commis un meurtre mais on n'en saura pas plus... C'est un peu dommage, je pense que même un simple paragraphe sur le pourquoi du comment aurait peut-être aidé à la compréhension de la situation et à l'empathie que l'on est sensé ressentir pour lui.
J'ai assez de mal à m'impliquer dans un roman, j'esquisse parfois un sourire mais je ne ris jamais à gorge déployée, de même pour le sentiment inverse : je n'ai jamais pleuré en lisant. Le manque d'information m'a donc un peu déçue, surtout venant de cet auteur, habitué du style aux longues descriptions (comme Zola, Maupassant, etc.).
Le fond, lui est plutôt intéressant, le débat « Pour ou contre la peine de mort » est toujours d'actualité et je pense, le restera un bon moment encore. Je ne me lancerais pas sur ce sujet, j'ai une opinion un peu mitigée, et je sais que cette discussion peut vite s'envenimer (m'enfin, si vous voulez en parler, je ne suis pas contre non plus, mais plutôt en discussion privée...). Cependant, je suis encore un peu déçue par ce côté là, puisque je trouve que Victor Hugo se sert un peu trop du monologue pour faire de cette nouvelle une victimisation du condamné (alors que rappelons-le tout de même, c'est lui qui a fait une bêtise!). Mais il se rattrape assez bien sur la partie où il parle du peuple, il montre bien le spectacle que cela représente pour les centaines de personnes qui s'amassent sur la place de la Grève, devant l'échafaud (ce qu'il réussit très bien également dans Notre Dame de Paris, lorsqu'on découvre Quasimodo à la Fête des Fous).
Bref, pour moi ce n'est pas le meilleur écrit de Victor Hugo qui, ici, prend un peu trop partie pour en faire un vrai roman. A lire donc comme une critique romancée et non comme un roman classique.
Livre4Ever et Mina l'ont également lu.
Cette lecture s'inscrit dans le challenge Tour des Genres en 365 jours pour le genre « Classique », ainsi que pour le challenge Un mot, des titres de Calypso pour la session « Jour ».