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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 19:07

Drame contemporain.

Version publiée en 1959,

aux éditions Folio.

502 pages.

 

 

Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon pêché, mon âme.

Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits bonds le long du palais pour venir, à trois, cogner contre les dents. Lo. Li. Ta.

Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Mais dans mes bras, c'était toujours Lolita.

 

lolita

 

« Las, je suis Humbert Humbert à la poitirine crépue – osseux et dégingandé, avec d'épais sourcils noirs et un accent comique, l'étranger dont le sourire tranquille d'enfant sage dissimule un cloaque de monstres pourrissants. »

 

J'avais remarqué ce livre grâce au sujet qu'il proposait. Moi qui suis friande de toutes les bizarreries et les étrangetés, cette histoire de pédophilie m'a tout de suite interpellé.

Ce drame est composé de 2 parties : Humbert Humbert, un prof de littérature français divorce de sa femme qu'il n'a jamais aimé (il appelera cette union un « mariage alimentaire », déjà les femmes ne l'intéressent pas, seules les jeunes filles détournent son regard). Il part en Amérique où un de ses oncles lui lèguent un petit héritage à condition qu'il s'occupe de ses affaires. Il trouve alors un chambre à louer chez Charlotte Haze, veuve et sa fille Dolorés, 12 ans. Tandis que cette enfant lui remémore son passé et réveille son désir, la mère tombe amoureuse de lui et Humbert l'épouse pour pouvoir rester aux côtés de Dolorés. La deuxième partie se met en place grâce à la mort de Charlotte, écrasée par une voiture lorsqu'elle traversait la rue pour afficher au grand jour les penchants pervers de son nouvel époux, découverts dans son journal intime. S'en suit une escapade dans toute l'Amérique, un tête à tête en « Lolita » et son nouveau tuteur légal.

 

Le début du roman m'a vite refroidie par 2 aspects. Tout d'abord, il est question d'inceste : c'est toujours un peu plus difficile quand l'acte de pédophilie se passe dans la famille, mais bon, je voulais quand même tenté. Le plus choquant est de voir que le narrateur, qui est le pédophile et qui parle donc à la 1ère personne assume pleinement ses perversités envers les « nymphettes » comme il appelle les jeunes filles d'une dizaine d'années seulement. Ensuite, ce livre est présenté comme un lettre d'aveu puisque l'auteur nous laisse comprendre que nous somme à la veille du procès de ce monstrueux personnage nommé Humbert Humbert. (La préface m'apprendra par la suite que c'est en fait une confession du héros qui se trouve en prison, en attendant d'être jugé pour meurtre), (oui, je lis les préfaces après avoir lu le livre, chacun son truc!). Bref, le 2ème aspect est donc la narration en « je », qui colle parfaitement au contexte mais qui du coup met encore plus mal à l'aise le lecteur : on est face au point de vue et aux pensées profondes et dégoutantes d'un violeur... Ce qui me plait beaucoup dans les thrillers où l'on est très détaché du personnage m'a dérangé et même presque dégouté dans cette lecture.

Pour couronner le tout, Nabokov écrit certains passages d'une manière très crue, voire obscène (je pense à la scène du canapé pour ceux et celles qui l'ont lu). J'ai donc eu assez de mal à passer cette première partie.

 

La deuxième partie est peu plus abordable car plus rythmée : les pensées d'Humbert Humbert sont effacées par le périple des 2 personnages, d'hôtels en hôtels et de villes en villes. De plus, on pose un nouveau regard sur cette relation incestueuse lorsqu'on se rend compte que Lolita est en réalité bien consciente de ce que son tuteur veut d'elle et lorsqu'elle devient une vraie manipulatrice. Le pauvre homme devient alors le pantin de la gamine, le dégoût qu'on a pu éprouver pour lui se transforme en pitié...

 

Plus on tourne les pages, et plus ce récit se dévoile en fait comme une véritable preuve d'amour d'un homme pour une jeune fille, on en oublie parfois le caractère incestueux pour finalement détester Lolita qui va pousser à bout le narrateur et s'enfuir, le laisser seul après lui avoir fait faire le tour des USA et avoir dilapidé une bonne partie de son argent en hôtels luxueux, garde-robes, etc.

 

Je voudrais finir en parlant de l'écriture merveilleuse de Nabokov. Ecrit après la 2nde Guerre Mondiale, le style de l'auteur nous emporte à l'époque de Maupassant ou Zola. Les mots sont choisis méticuleusement et chaque détail mérite une description des plus complète et précise. L'écriture est soignée et on sent le temps et l'application que l'auteur a mis dans cette oeuvre. 

 

 

Bref, une magnifique histoire si l'on arrive à passer une première partie assez éprouvante. Nabokov nous offre 500 pages de poésie et d'amour, que l'on admire au fur et à mesure du recul (nécessaire!) que l'on prend sur ce récit.

 

Snow, Luna et Melisende l'ont également lu.

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commentaires

L
J'ai lu ce livre, quand j'étais dans ma période "un classique par trimestre". Au final je ne sais pas si j'ai aimé ou pas. L'histoire est vraiment malsaine. Mais le plus dérangeant, c'est que Lolita sait que ce que Humbert veut d'elle est mal, mais elle en joue. Je n'ai pas eu l'impression que ça la dérangeait. Ce qui m'a vraiment gênée aussi, c'est l'obsession d'Humbert pour Lolita. A partir du moment où il la voit, les autres nymphettes ne comptent plus...<br /> Donc ouais, c'est très malsain comme livre...
Répondre
R
C'est clair que c'est très glauque. Mais j'ai trouvé intéressant le fait que ce soit un "classique" qui traite ce sujet que je lis habituellement à travers les thrillers.<br /> C'était quand même très osé pour l'époque et certainement aussi pour le pays d'origine de l'auteur.
M
<br /> je n'ai jamais pu le finir tellement ce livre provoquait des réactions violentes et même physiques (nausées) en moi. une horreur (ce qui prouve tout de même que j'ai été touchée par l'écriture de<br /> Nabokov, car un livre mal écrit ne m'aurait pas bouleversée comme ça...)<br />
Répondre
R
<br /> <br /> C'est vrai que le début est assez dur à lire... Mais finalement la situation se renverse petit à petit.<br /> <br /> <br /> <br />

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