On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? [Franz Kafka]
Thriller.
Version publiée en 2009,
aux éditions Michel Lafon.
481 pages.
Lorsque l'inspecteur Cassie Maddox est appelée sur les lieux d'un meurtre ; elle perçoit dans la voix de ses collègues une tension inhabituelle. Et pour cause : la victime lui ressemble trait pour trait, et porte des papiers au nom d'Alexandra Madison. Une identité que Cassie a inventée et dont elle s'est servie, voilà des années pour infiltrer un réseau de trafic de stupéfiants. Afin de démasquer l'assassin, les policiers de Dublin imaginent le plus dangereux des stratagèmes : prétendre qu'Alexandra a survécu a ses blessures et obliger Cassie à se faire passer pour elle. La voici qui intègre le vieux manoir qu'Alexandra partage avec quatre amis, étudiants comme elle à Trinity College. Un lien étrange les unit : ils vibrent d'un même amour pour la littérature, d'un même refus de s'encombrer de leur passé. Dans ce huis clos où le moindre faux pas lui serait fatal, enfermée dans la peau d'une autre, l'inspecteur Cassie Maddox va servir d'appât...
Cette fois-ci, c'est N'amoureux qui a choisi ma lecture (après l'avoir plus ou moins aiguillé quand même!) et il n'a pas trop mal choisi !
L'intrigue est très originale et très vite amenée : une quinzaine de pages suffisent à l'auteur pour nous balancer sur la scène de crime. L'infiltration de Cassie est également très intéressante : on découvre au fur et à mesure qui était réellement la victime et dans quelle atmosphère elle vivait... Une atmosphère qui nous rappelle un huit-clos. Elle et ses 4 colocataires ne vivent que pour eux et cette demeure magnifique et imposante qu'ils tentent de rénover. Cette ambiance oppressante mais rassurante à la fois permet au lecteur d'apprivoiser ces personnages reclus dans leur propre vie et nous aide à comprendre ce mode de vie très solitaire et mal perçu par les habitants alentours.
Les personnages sont paradoxalement très difficiles à cerner jusqu'au bout et en même temps très attachants. L'auteur nous aide à les connaître en intégrant Cassie dans ce monde à part : on apprend avec elles les règles et les manies des personnages, leur style de vie et leur fonctionnement au sein de la maison. En effet, ces cinq personnages sont coupés du monde et ne côtoient personne que ce soit à l'université qu'ils fréquentent ou dans la ville la plus proche où tout le monde les déteste à cause d'une étrange et ancienne histoire. Pour ce qui est des enquêteurs, c'est à dire le petit ami de Cassie, Sam O'Neill et son ancien patron de la section des infiltrations Franck Makey, j'ai eu un peu de mal à les cerner, l'action étant très centrée sur Cassie et la maison. Ce sentiment est d'autant plus fort que la narration est en « je », le seul point de vue est celui de Cassie...
De plus, Tana French ajoute des éléments du passé dans la vie des 3 inspecteurs mais reste assez floue, nous n'avons droit qu'à quelques bribes d'une ancienne infiltration qui aurait mal tourné.
Cependant, j'ai réussi pour une fois à m'attacher à l'héroïne. L'auteur a su en faire une vraie personne avec des doutes, des regrets et des envies. Cassie devient en effet très impliquée dans la vie de WhiteHorn House au point d'envier les colocataires et de détester sa propre vie d'inspectrice aux affaires domestiques...
Le style de l'auteur m'a plu : elle a centré l'action sur Cassie, la narratrice à la première personne, sur son vécu et ses émotions. Ce choix sert vraiment le récit car on vit l'infiltration au fur et à mesure que Cassie la vit et on avance avec elles, jour après jour, dans les doutes, les espoirs et les révélations.
La plume de Tana French est simple mais efficace, elle nous emporte tout de suite dans l'action pour ne nous faire lacher qu'à la dernière page ! Ses descriptions de l'Irlande et les alentours de Dublin sont vraiment magnifiques, on s'y croirait presque entre la verdure omniprésente et les maisons victoriennes majestueuses...
La fin est surprenante puisque l'enquête et l'infiltration ne se termine pas tout à fait comme prévu. Elle laisse le lecteur en suspens même si l'auteur écrit une sorte d'épilogue sur le devenir des 4 colocataires et des 3 inspecteurs...
En bref, un petit coup de coeur pour ce roman qui se lit très facilement grâce à un style simple et correspondant parfaitement à l'intrigue. Ce roman est une sorte de huit clos qui fait rêver par la simplicité des relations mais qui se révèle au final un tissu de faux-semblants.
Chicky Poo l'a également lu.
Pour aller plus loin : un autre roman de cette auteure, La mort dans les bois ou Ecorces de sang selon les éditions, est dans ma wish-list. Ce livre est apparemment plus centré sur Rob, un personnage qui n'apparaît pas dans Comme deux gouttes d'eau mais appartient au passé de Cassie, c'est en effet son ex-coéquipier au temps de l'infiltration Vestale (la fameuse qui a mal fini...).
Son troisième roman, Les lieux infidèles, est quant à lui consacré au passé de l'inspecteur Mackey mais ne me tente pas vraiment.