On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? [Franz Kafka]
Drame Historique.
Version publiée en 2007,
aux éditions Folio.
122 pages.
Âgé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée le plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence.
C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchées par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera un jour à lui de façon tragique.
J'avoue que je ne sais plus trop pourquoi ce livre m'avait attiré... Sûrement car il y a le nom d'Hitler dans le résumé !
Ce roman est très court, c'est presque une nouvelle. L'auteur a donc dû trouver des moyens pour que son histoire accroche le lecteur et marque son esprit : il y parvient plutôt bien grâce à une narration à la première personne, une écriture condensée mais fluide et des ellipses qui font passer cette histoire pour des bribes de souvenirs.
La plume de Uhlman est très belle et assez soutenue malgré une écriture originale en anglais. Cependant, là où l'auteur aurait pu faire passer son histoire pour un journal intime ou du moins un récit biographique, ce même style très riche nous fait perdre la sensation d'authenticité...
De plus, le traducteur n'a pas pris la peine de traduire l'intégralité du texte : certains mots allemands ou citations latines sont laissés tels quels ; moi qui n'ait fait ni allemand ni latin, j'ai l'impression d'avoir raté des trucs... Sans forcément traduire dans le texte pour ne pas perdre l'intensité du texte, j'aurais tout de même apprécié des notes de bas de pages !
Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'attacher au personnage en si peu de pages, j'ai besoin de temps... Mais, on cerne assez bien les protagonistes : d'un côté la famille de Hans, juive et de l'autre, les élèves de sa classe, allemands et riches...
L'amitié créée par l'auteur est très bien exploitée et très riche pour une amitié d'adolescents : j'ai beaucoup aimé ressentir la pression de la société et de la montée du nazisme sur les deux amis.
L'histoire et la morale du texte sont très réussies et très belles. La fin laisse perplexe dans le sens où les a-priori que l'on avait pour Conrad ne sont finalement peut-être pas si fondés que ça...
En bref, une très belle lecture mais je n'aurais pas refusé un roman plus long et plus détaillé sur cette période et cette amitié profonde et sincère entre deux adolescents de milieux différents... Un texte fort en émotions et en réflexions !
Au fil des plumes, Livr0ns-n0us et Calypso l'ont également lu.
Cette lecture me permet de participer au challenge Lire en thème : thème de l'amitié,
ainsi qu'au challenge des 170 idées : n°115, quelque chose de moche (les croix gammées bien entendu)
Pour aller plus loin : J'ai découvert qu'il y avait une suite, La lettre de Conrad ou plutôt un autre point de vue.
Fiche Babelio de l'auteur – Site des éditions – Bande annonce du film