On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? [Franz Kafka]
Policier.
Version publiée en 2012,
aux éditions Pocket.
988 pages.
Si jeune, Marianne devrait être insouciante et rêver à l'avenir, des projets plein la tête. Mais son seul rêve, c'est la liberté. Car Marianne est en prison. Perpétuité pour cette meurtrière. Indomptable, incapable de maîtriser la violence qui est en elle, Marianne refuse de se soumettre, de se laisser briser par l'univers carcéral sans pitié où elle affronte la haine, les brimades, les coups, les humiliations. La tête haute, toujours. Elle s'évade parfois, grâce à la drogue qu'elle paye en nature, grâce aux romans qu'on lui laisse lire, grâce à ses souvenirs aussi. Grâce au bruit des trains, véritable invitation au voyage. Elle finit par apprendre l'amitié, la solidarité, et même... la passion. Mais sans aucun espoir de fuir cet enfer, hormis dans ses rêves les plus fous. Et puis un jour, l'inimaginable se produit. Une porte s'ouvre au parloir. Trois hommes, trois flics lui proposent un odieux marché, lui offrant une possibilité de quitter ce purgatoire. Mais en échange de sa liberté elle devra tuer pour eux. Des derniers meurtres à commettre… pour rédemption.
Conquise par l'auteur avec seulement deux de ses titres, j'ai voulu découvrir le meilleur de ses romans d'après la blogosphère. Je partais donc déjà enthousiaste et en refermant le livre, je n'ai pas de mots pour décrire ce que je viens de lire...
On retrouve bien sûr avec plaisir le style simple, efficace et percutant de K. Giebel. Les phrases et chapitres courts permettent d'avancer très rapidement dans la lecture. On tourne les pages sans s'en rendre compte, et pour un roman de près de 1000 pages, c'est assez important et agréable !
L'ambiance est plus glauque que les deux autres romans que j'ai pu lire : le milieu carcéral est dur, on le sait mais les mots mis sur les a-priori renforcent le malaise de la violence, des pots de vins et autres arrangements plus ou moins légaux...
Petit clin d’œil à Terminus Elicius avec le thème des trains, toujours bien retranscrit.
Outre l'écriture agréable, ce sont les personnages qui font tout ce roman : on découvre des protagonistes à fleur de peau, détruits par la vie carcérale.
Gros coup de cœur pour Daniel, puis pour Franck les deux personnages masculins principaux qui vont donner le ton et le rythme à l'histoire en prenant Marianne sous leurs ailes.
Marianne en elle-même est aussi très attachante car on sent qu'elle vit très mal sa personnalité et ce qu'elle est devenue, pourquoi elle est en prison... Même si ce sont ses réactions qui ont fini par me faire pleurer et même si elle reste le personnage principal de ce roman, je pense que ce sont ses deux hommes qui donne cette envergure à l'histoire.
L'intrigue est travaillée : on met longtemps à découvrir les fameux « trois policiers » annoncés dans le synopsis et ce n'est qu'à la fin qu'on apprend réellement la « mission » de Marianne.
Cependant, la première partie du livre met en avant l'ambiance carcérale et permet au lecteur de comprendre l'état d'esprit de Marianne, ses choix et réactions.
Du coup, la deuxième moitié du livre est beaucoup plus rapide, tout s'enchaîne.
Je n'ai pas trouvé cette disposition disproportionné : malgré tout, chaque mot et chaque chapitre a sa place et le tout donne un final riche en émotions !
En bref, énorme coup de cœur puisque c'est le seul livre qui a réussi à me faire pleurer. L'ambiance carcérale est bien retranscrite, les personnages profonds et essentiels à l'histoire. Un gros pavé qui vaut la peine d'être lu : sa réputation de meilleur livre de K. Giebel est encore une fois confirmée !
Cette lecture me permet de participer à la LC organisée par Vepug
au challenge des 170 idées d'Helran, n°152 : quelque chose en rapport avec la liberté.
Du même auteur, sur le blog :
Pour aller plus loin : La bibliographie de l'auteur
Site de l'auteur – Site des éditions Pocket